Eurotunnel gère l'infrastructure du Tunnel sous la Manche et exploite deux types de navettes, des navettes fret transportant des camions et des navettes passagers transportant des voitures et des autocars, entre Calais/Coquelles (France) et Folkestone (Royaume-Uni). Leader sur le marché transmanche, Eurotunnel perçoit aussi des péages de la part d'autres compagnies ferroviaires qui utilisent le Tunnel (Eurostar pour les passagers ferroviaires ; la SNCF et EWS pour les trains de marchandises). Eurotunnel est cotée à Paris, Londres et Bruxelles.
Nouvelles perspectives stratégiques
Un contexte difficile
En bonne voie jusqu'en 2002, le Groupe a été fortement affecté en 2003 par la conjoncture économique et la situation politique internationale, particulièrement défavorables aux secteurs du tourisme et du transport. Les ferries, face à un marché déprimé et une situation de surcapacité, ont adopté un politique tarifaire qui a pesé sur les prix moyens du marché, donc sur les revenus générés par notre activité principale de navettes. Ceci n'a pas été compensé par la hausse des volumes de nos navettes camions.
Malgré ce contexte difficile, la qualité excellente de nos services a permis de renforcer notre position sur le marché. Nos efforts redoublés pour accroître la productivité ont permis de stabiliser nos charges d'exploitation. Nous avons donc pu limiter à 18 % la diminution de notre résultat d'exploitation, qui reste cependant très bénéficiaire à 248 millions d'euros, soit 30 % de notre chiffre d'affaires de 813 millions d'euros (en baisse de 5 %).
La perte nette avant dépréciation exceptionnelle est de 44 millions d'euros, après un bénéfice exceptionnel de 165 millions d'euros provenant d'opérations financières. Nous avons comptabilisé une dépréciation exceptionnelle de 1 845 millions d'euros comme exposé dans l'analyse financière. Cette dépréciation exceptionnelle n'a aucun impact sur la situation de trésorerie du Groupe ni sur les Conventions de Crédit et réduira d'environ 25 millions d'euros les charges annuelles d'amortissement à partir de 2004.
Au cours de l'année, nous avons réduit notre dette de 219 millions d'euros supplémentaires, portant le désendettement, depuis la restructuration financière de 1998, à 1,7 milliard d'euros. Le taux d'intérêt moyen à 4,9 % est très bas et aucun emprunt ne vient à échéance avant 2006. Bien que les commentaires deviennent plus optimistes sur les perspectives économiques générales pour 2004, il n'y a toujours pas de signe d'amélioration sur le marché transmanche. Ce marché reste déprimé et la concurrence tarifaire intense. Il est donc difficile à ce stade de prévoir quand la reprise de notre activité navettes interviendra.
Progrès stratégiques
Lors des dernières Assemblées Générales, nous avons exposé trois nouveaux axes stratégiques pour les années à venir afin de renforcer les axes existants de développement des revenus des navettes, maîtrise des coûts et allègement de la dette. Il fallait devenir un moteur du développement ferroviaire, agir en tant que partenaire actif du développement régional et être force de proposition pour restructurer l'industrie ferroviaire transmanche.
Nous avons fait des progrès importants en 2003 dans ces trois domaines.
Pour le fret ferroviaire, notre licence d'opérateur va nous permettre de lancer un nouveau service transmanche. À partir de début 2005, Eurotunnel pourra tracter des trains sur un parcours reliant Bâle à Dollands Moor, près d'Ashford, en Angleterre. C'est le trajet clé dans le corridor fret qui relie Milan, Bâle, Metz (pour les connections vers l'Allemagne et l'Europe de l'Est), Dourges (près de Lille) et les centres industriels et commerciaux du Royaume-Uni. Plusieurs clients potentiels ont déjà manifesté leur intérêt pour ce service.
D'autre part, nous démarrons la construction d'une plate-forme fret intermodale sur notre terminal de Folkestone, permettant pour la première fois à des trains de marchandises au gabarit continental standard d'accéder au marché britannique. Ce nouveau terminal devrait être opérationnel dès 2005 ; il constituera alors le seul accès possible au Royaume-Uni pour les wagons ferroviaires continentaux de ce gabarit. Si le trafic suscité par ces deux premiers projets se développe comme nous l'envisageons, nous pouvons escompter le doublement de la contribution actuelle de l'activité fret ferroviaire. De plus, ces nouveaux services devraient stimuler l'intérêt pour le fret ferroviaire transmanche et encourager ainsi d'autres opérateurs à utiliser le Tunnel.
En tant que partenaire actif du développement régional, nous collaborons avec les collectivités territoriales pour favoriser et mettre en oeuvre toutes les initiatives économiques, touristiques et culturelles susceptibles de renforcer l'attractivité du Nord-Pas-de-Calais et du Kent et, donc, sur le long terme, l'utilisation du Tunnel.
Enfin, la composante la plus importante de notre stratégie consiste à apporter des solutions aux problèmes structurels de l'industrie ferroviaire transmanche. Eurotunnel a annoncé le projet Galaxie le 9 février, simultanément avec ses résultats annuels 2003.
Projet Galaxie
Eurotunnel a fait des propositions aux gouvernements français et britannique, et aux parties prenantes du secteur visant à apporter une solution durable aux difficultés structurelles du secteur du transport ferroviaire transmanche.
Le secteur du transport ferroviaire transmanche souffre actuellement de la sous-utilisation d'infrastructures coûteuses, de pertes financières et de relations contractuelles par nature conflictuelles. En particulier, le niveau élevé des péages versés par les opérateurs ferroviaires pour l'utilisation du Tunnel empêche la croissance du trafic. La situation financière d'Eurotunnel ne lui permet pas de réviser unilatéralement les péages à la baisse.
Eurotunnel a mené pendant plus d'un an une analyse approfondie des problèmes complexes du secteur ferroviaire transmanche dans le but d'y apporter des solutions. La clé de toute solution à ces problèmes passe impérativement par l'alignement des intérêts des opérateurs du secteur et des incitations claires pour faire progresser le trafic passant par le Tunnel, accompagnée d'une structure financière stable.
Eurotunnel propose de réduire de manière significative les taux de péages appliqués aux opérateurs ferroviaires dans des conditions qui aligneront les intérêts des opérateurs du transport transmanche et réduiront leurs coùts. Cette réduction devrait permettre à Eurostar d'augmenter son trafic sur les lignes existantes et l'aiderait à développer de nouvelles destinations comme Amsterdam. La réduction des taux de péages augmenterait aussi considérablement la taille du marché du fret ferroviaire transmanche économiquement viable. En conséquence, la réduction des taux de péages serait partiellement compensée par l'augmentation du trafic.
Pour pouvoir baisser les taux de péages, Eurotunnel a besoin d'une structure financière plus stable qu'aujourd'hui, ce qui nécessite une réduction significative de sa dette financière et de ses charges d'intérêts, ainsi que l'allongement de l'échéancier de remboursement de cette dette.
Eurotunnel et ses conseillers ont mis au point un ensemble de propositions pour atteindre ces objectifs. Eurotunnel s'attend aujourd'hui à l'engagement de discussions constructives avec ses partenaires industriels et financiers.
Eurotunnel recherche un accord de principe courant 2004, pour une mise en oeuvre en 2005. Cependant, compte tenu de la complexité des problèmes liés à l'opération envisagée, il est trop tôt pour être certain, à ce jour, de l'issue des discussions en cours.
Dix ans après l'ouverture du Tunnel, il est clair que nos problèmes fondamentaux liés à un financement purement privé, à une dette beaucoup trop élevée et au manque de trafic ferroviaire pourront difficilement être résolus sans une approche globale et innovante des problématiques de toutes les parties prenantes du secteur ferroviaire transmanche.
Le projet Galaxie représente un espoir véritable et réaliste pour nos actionnaires de voir Eurotunnel sortir de ses problèmes financiers une fois pour toutes. En revanche, les idées irréalistes, et souvent contradictoires entre elles, avancées par certains contestataires, ne présentent aucune solution stratégique pour l'avenir de la société et risquent fort de mener à une perte de valeur totale pour les actionnaires.
La construction du Tunnel a nécessité du courage, de l'imagination et une réelle volonté politique. Nous avons encore besoin aujourd'hui de tout cela pour transformer, avec le soutien de tous, actionnaires et salariés, collectivités et partenaires, le plus grand projet de génie civil du XXe siècle en un investissement rentable.
8 février 2004
Charles Mackay Président du Conseil Commun du Groupe Eurotunnel |
Richard Shirrefs Directeur Général du Groupe Eurotunnel |